"A l'issue de la levée des couleurs, le pavillon sera mis en berne" ces quelques mots résonnent sur la place d'armes, en écho, un sanglot.
Il commence à pleuvoir.
"Communication du commandant en second.
-Hier soir, le matelot Yann Le Berre est mort des suites d'un accident de moto..."
Le reste, je ne m'en souviens pas...
Mon esprit n'a pas entendu la suite, je crois qu'ils ont dit quand cet accident avait eu lieu, mais je n'ai pas entendu, car mon être pleurait trop fort, avec toute sa force, que je n'ai pas entendu la fin de la communication.
Il pleut.
Le pavillon git au 3/4 du mat, il pends inexorablement pour faire savoir à tout le monde que notre camarade de section est mort.
Il pleut.Peu de gens le connaissait réellement, peu de gens l'appréciait réellement. Beaucoup le prenait pour un guignol, mais au fond, il était si gentil, c'était notre camarade.
Il pleut toujours.
La mer, le ciel, tout ce qui nous entoure a l'air de pleurer avec nous.
J'entends encore la pluie.Par le seul moyen que j'ai à ma disposition, j'exprime ce que je ressens. Si Dieu existe, pourquoi y-a-t-il tant d'injustice dans ce monde, tant de souffrance inutile, tant d'innocence perdue, tant de larmes ?? Mon coeur souffre, mais bientôt, sa souffrance sera atténuée. je n'oublirai pas Yann, je penserais à l'ui, à ses pitreries qui nous faisait tant rire, à ses coups de barre pendant les cours, à ses coups de gueules. Et je regretterais qu'il ait pensé qu'on ne l'appréciait pas, car en réalité, il était aimé de nous tous.
La pluie ne s'arrêtera pas.Tu resteras dans nos coeurs,
Car tu es une étoile brillante,
Et surtout, une étoile riante.
Le 4 février 2008